lundi 21 mai 2012

De nombreux sujets épineux au menu de la première visite de François Hollande à Berlin


De nombreux sujets épineux au menu de la première visite de François Hollande à Berlin

François Hollande se rendra à Berlin dès la fin de son investiture, ce mardi 15 mai 2012.
François Hollande se rendra à Berlin dès la fin de son investiture, ce mardi 15 mai 2012.
REUTERS/Charles Platiau


Ce mardi 15 mai à Berlin aura lieu la première visite à l'étranger de François Hollande, quelques heures seulement après son investiture. Le président français, très critique à l'égard de la politique d'austérité défendue par l'Allemagne, sera l'hôte d'Angela Merkel pour un dîner de travail. Aucune décision majeure n'est attendue mais les sujets de discussion ne manqueront pas.

L'une s'accroche à l'austérité budgétaire, l'autre rêve de grands projets pour relancer la croissance. Deux visions opposées pour combattre la crise de la dette qui a jeté la Grèce dans le chaos politique et qui menace désormais l'ensemble de la zone euro.
Pourtant, Angela Merkel et François Hollande sont condamnés à s'entendre, ou tout du moins, dans un premier temps, à tenter d'aplanir leurs différends. Principale pomme de discorde, le pacte européen de discipline budgétaire piloté par Berlin et auquel Angela Merkel refuse de toucher. François Hollande qui, un temps, a brandi la menace d'une renégociation de ce texte, veut désormais le compléter avec des mesures destinées à stimuler la croissance.
Mais quelles mesures? L’Allemagne rejette tout recours aux euro-obligations qui reviendrait à mutualiser la dette des pays de la zone euro. Le nouveau président français y est favorable, même s'il préfère désormais parler de « projects bonds », d'emprunts européens destinés à financer certains projets.
Autre sujet de désaccord, le rôle de la Banque centrale européenne, dont Berlin tient à préserver la sacro-sainte indépendance. Or, Paris aimerait voir la BCE faire plus contre la crise, comme par exemple prêter directement aux Etats.
Un « partenariat stable »
Pendant la campagne électorale, la chancelière a ouvertement soutenu Nicolas Sarkozy, en refusant de recevoir son rival socialiste. Toutefois, elle s’est bien gardée de commettre l’irréparable. Elle n’est venue à aucun meeting électoral du président sortant. Après sa défaite, elle a affirmé qu’un « partenariat stable » avec François Hollande était « possible ». Bien entendu, ce sont surtout leurs divergences sur la crise en Europe qui occuperont les deux dirigeants. Mais, comme ils ne se connaissent pas, leur premier contact sur le plan purement personnel peut avoir une importance décisive.
François Hollande aura peut-être plus de facilité avec une Angela Merkel affaiblie politiquement par les dernières élections régionales, et un peu inquiète de la perspective des législatives de l’année prochaine. Le président français, lui, vient à Berlin fort d’un soutien franc et frais de son électorat, qui n’est pas tout à fait d’accord avec les recettes anti-crise de la chancelière.

L'AUSTÉRITÉ REMISE EN QUESTION OUTRE-RHIN
C'est une lourde défaite électorale qu'a subie en Allemagne le parti d'Angela Merkel. La CDU a perdu 8 points lors du scrutin organisé hier, dimanche 13 mai, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, la région la plus peuplée d'Allemagne qui va rester aux mains du SPD. Le principal parti d'opposition à la chancelière allemande sort donc renforcé de ce scrutin régional. Un scrutin qui devrait relancer, en Allemagne, le débat sur la politique économique menée par Angela Merkel, et sur la priorité donnée à la rigueur budgétaire.
Car après avoir accepté depuis les années 1990 de se serrer la ceinture, les Allemands réclament aujourd'hui de récolter, à leur tour, les fruits de la croissance. Ces derniers mois, les débrayages se sont ainsi multipliés outre-Rhin, avec à la clé dans certains secteurs, de substantielles augmentations de salaires.
Autre débat, celui sur l'inflation : plusieurs dirigeants allemands ont indiqué la semaine dernière que le pays pouvait se permettre de lâcher du lest sur les prix, le ministre des Finances Wolfgang Schauble estimant par exemple qu'une inflation supérieure à 2% était envisageable.
Reste la maîtrise des dépenses publiques. Sur ce point, Angela Merkel conserve le soutien de la population. Selon un sondage réalisé pour l'hebdomadaire Stern, 59% des Allemands se disent hostiles à une croissance qui serait financée par de l'endettement.

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